Alors qu’une convention a été signée en juillet avec les opérateurs Internet pour faire de la capitale la première ville belge équipée d’un réseau 5G d’ici 2020, la ministre bruxelloise de l’Environnement, Céline Fremault (cdH), freine des quatre fers au nom du principe de précaution.
« Aujourd’hui force est de constater qu’il est impensable pour moi de permettre l’arrivée de cette technologie si je ne peux assurer le respect des normes protégeant les citoyens, a-t-elle déclaré au quotidien L’Écho. 5G ou pas. Les Bruxellois ne sont pas des souris de laboratoire dont je peux vendre la santé au prix du profit. »
La ministre avait pourtant statué en faveur du développement de la 5G pas plus tard qu’en octobre dernier, tout un imposant une norme de 14,5 volts/mètre, alors que l’Organisation Mondiale de la Santé place la sienne à un maximum de 41,5 volts/mètre.
Une volte-face qui n’a pas plu à Els Ampe, cheffe de groupe Open Vld au parlement bruxellois, qui déplore la « vision court-termiste » de sa collègue. Celle-ci enjoint au contraire à au moins procéder à des tests, comme compte le faire la ville d’Eindhoven, aux Pays-Bas, plutôt que de renâcler et de se retrouver avec une connexion mobile à Internet complètement saturée, bref, indigne d’une métropole européenne digne de ce nom. Un argument que Céline Fremault utilisait aussi pour défendre le projet il y a quelques mois.
L’Internet mobile bruxellois est en effet complètement saturé tant la densité de population est élevée dans notre capitale, et le développement de la 4G se retrouve fortement entravé par une norme très sévère de 6 volts/mètre. Les partisans d’un Internet encore plus rapide plaident qu’il aurait des conséquences bénéfiques sur le trafic et la sécurité routière en permettant aux véhicules interconnectés de communiquer sans temps de latence. Mais les opposants à la 5G rétorquent que les effets de ces ondes électromagnétiques sur le corps humain et sur l’environnement restent trop peu connus pour qu’on multiplie sans précaution leur intensité, alors que de nombreuses personnes disent souffrir d’électrosensibilité. En septembre 2017, 171 scientifiques issus de 37 pays ont d’ailleurs réclamé un moratoire sur l’installation de la 5G, le temps d’en savoir plus sur ses possibles conséquences. Entre progrès et prudence, difficile de trancher : des produits qui se sont révélés dangereux après avoir été considérés comme inoffensifs, ça s’est déjà vu, de l’amiante à l’uranium.
Enfin, sans verser dans le procès d’intention, rappelons aussi que la Belgique s’apprête à plonger à nouveau dans l’effervescence électorale. Les prises de position sur des sujets polémiques sont donc susceptibles de se multiplier dans les semaines à venir.